Position de EELV sur la consommation d’eau des industries 💧🏭 🗓
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L’apparition de René Dumont et son verre d’eau lors de la campagne présidentielle de 1974 a marqué les esprits écologistes sur l’importance et la raréfaction de la disponibilité de l’eau douce, bien commun de l’humanité. Mais pour beaucoup de Françaises et de Français, d’Iséroises et Isérois, c’est la crise de l’été 2022 qui aura rendu visible et très sensible cette question.

Une période de sécheresse intense a vu plusieurs incendies d’ampleur parcourir notre département, a entraîné des restrictions majeures d’accès aux forêts et aux massifs. Pour les particuliers, la consommation d’eau a été restreinte pendant de nombreuses semaines en particulier pour l’arrosage. Les agriculteurs, les maraîchers, ont dû aussi limiter leur consommation.

Depuis le printemps 2022 les alertes sur la disponibilité de l’eau ont entraîné des restrictions d’usage pour les particuliers comme pour les agriculteurs, jusqu’à atteindre un niveau de crise maximal en août. Au début du printemps 2023, la majorité du département était encore en situation de vigilance sécheresse et quelques territoires en niveau 2 d’alerte. La météo des mois d’avril et mai a permis un répit sur l’Isère, avant l’été dont on ne connaît pas encore la teneur. Mais ces situations de sécheresse sont, nous le savons, appelées à se répéter et s’intensifier dans les années à venir.

Les nappes alluviales de la Romanche et du Drac qui depuis toujours permettent l’alimenter la région grenobloise d’une eau accessible, abondante et pure, sont toujours disponibles mais, avec la fonte et disparition des glaciers, pour combien de temps ?
Il devient urgent de réfléchir aux usages qui peuvent être fait de cette eau (potable, agricole, industriel) et à une échelle plus large que la seule Métropole de Grenoble : fournitures pérennes ou « de dépannage » des autres territoires : Grésivaudan mais aussi Voironnais, Sud-Grésivaudan, Bièvre, …

Le développement des industries micro- et nano-électroniques dans le Grésivaudan fait apparaître des craintes sur la consommation d’eau associée. En particulier une hypothèse de doublement de la canalisation qui fournit de l’eau de la nappe de la Romanche au Grésivaudan pour l’usage des industriels.

Si les consommations doivent être maîtrisées, les usages-gadgets limités, l’augmentation des durées de vie des appareils favorisée par les fabricants et les consommateurs, l’arrêt des industries électroniques est impossible, et la délocalisation loin de nos regards, pas souhaitable.

Pour les écologistes de la Métropole, du Grésivaudan, de l’ensemble de l’Isère il est important d’affirmer que ces industries sont indispensables aux transitions vers un monde bas-carbone. EELV défend l’indépendance industrielle de l’Europe, et la production dans des pays où les règles sanitaires et sociales sont plus faciles à contrôler par les pouvoirs publics, à appréhender par les consommateurs finaux des produits.

Mais ce développement ne doit justement pas se faire à tout prix ni au détriment des autres usages de l’eau présents ou futurs.

EELV affirme son opposition à l’augmentation du volume d’eau fourni. Le développement des usines, de la production, doit se faire à volume fourni constant, en respectant la limitation technique de la canalisation actuelle.

Le niveau de recyclage actuel de l’eau utilisée est très insuffisant. Les industries doivent améliorer ces aspects pour réutiliser l’eau consommée, la nettoyer. De même que pour la rendre en sortie d’usine compatible non pas seulement avec un rejet dans l’Isère mais avec des usages humains et agricoles.

Les études sur l’avenir de la ressource en eau datent, et on a pu malheureusement constater que le réchauffement climatique, la fonte des glaciers, s’accélère plus vite qu’annoncé dans notre région. Il est indispensable que la Métropole de Grenoble, la Préfecture de l’Isère, et les autres acteurs institutionnels engagent rapidement des études sur le futur des nappes de la Romanche et du Drac.

L’eau ne suit pas toujours les frontières administratives. Une gouvernance à l’échelle large, incluant a minima la Métropole, le Grésivaudan et le Voironnais qui sont déjà consommateurs de l’eau de la Romanche et du Drac, doit se mettre en place.
Dans ce cadre, la consommation humaine, puis les usages agricoles, doivent être prioritaires.
Il n’est pas acceptable que, comme c’est arrivé cet été 2022, les industriels ne subissent aucune restriction temporaire quand les maraîchers voisins ont dû limiter fortement leur consommation et produire moins de nourriture directement consommée par les habitantes et habitants…

Reporté Actualité Eau