À propos du mouvement du 17 novembre – EELV Grenoble
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Lettre d’info EELV Grenoble – A propos du mouvement du 17 novembre
Un mouvement de protestation dont la cause principale est l’augmentation du prix de l’essence est annoncé cette semaine. Annoncé massif, il est relayé par la presse.
Pour EELV Grenoble, ce mouvement se trompe de cible.
Le prix de l’essence va connaître des fluctuations, peut baisser à nouveau, depuis des décennies les variations sont souvent rapides.
Mais la tendance est  à la hausse, de manière irréversible.
Et, pour le climat, c’est une bonne nouvelle. La Terre ne peut pas supporter un tel niveau de consommation en énergies fossiles émettrices de CO2.
C’est la pauvreté, c’est la précarité qu’il faut combattre.
C’est une société inégalitaire où des gens au chômage ou dans des emplois très précaires coexistent avec des gens très aisés et surchargés de travail qu’il faut faire évoluer.
C’est le partage du travail, c’est le revenu universel qu’il faut envisager !
La baisse du prix de l’essence, la baisse des taxes, ne changeront pas les problèmes de fond.
Nous souhaitons dans cette lettre partager quelques éléments factuels, quelques chiffres, combattre des idées reçues :
1) L’essence n’a jamais été aussi chère. Vraiment ?
a) sur ces dernières années : 
Les fluctuations du prix de l’essence sont rapides. Voici les prix INSEE moyens de ces 10 dernières années pour 1l de Sans plomb 95 sur les premiers semestres : 
  • 2009 : 1.17€
  • 2010 : 1.34€
  • 2011 : 1.5€
  • 2012 : 1.59€
  • 2013 : 1.56€
  • 2014 : 1.51€
  • 2015 : 1.38€
  • 2016 : 1.29€
  • 2017 : 1.39€
  • 2018 : 1.5€
Pour le moment, les prix moyens sont encore (légèrement) plus bas qu’en 2012-2013.
b) sur les dernières décennies.
Comparer des prix en francs, en euros, avec l’inflation, n’est pas facile, mais on peut comparer le nombre de litres d’essence que l’on peut acheter avec une heure de travail au SMIC.
  • SMIC horaire 1973 : 5F2, 1l d’essence : 1F69 donc 1h de SMIC = 3.1 litres.
  • SMIC horaire 1980 : 13F97, 1l d’essence 4F17 donc 1h de SMIC = 3.4 litres.
  • SMIC horaire 1985 : 26F04, 1l d’essence 5F73 donc 1h de SMIC = 4.5 litres.
  • SMIC horaire 1990 : 31F29, 1l d’essence 5F35 donc 1h de SMIC = 5.8 litres.
  • SMIC horaire 1995 : 36F98, 1l d’essence 5F69 donc 1h de SMIC = 6.5 litres.
  • SMIC horaire 2000 : 42F02, 1l d’essence 7F21 donc 1h de SMIC = 5.8 litres.
  • SMIC horaire 2005 : 8€03, 1l d’essence  1€22 donc 1h de SMIC = 6.6 litres.
  • SMIC horaire 2010 : 8€86, 1l d’essence 1€43 donc 1h de SMIC = 6.2 litres
  • SMIC horaire 2015 : 9€61, 1l d’essence 1€54 donc 1h de SMIC = 6.2 litres.
  • SMIC horaire 2018 : 9€76, litre d’essence 1€50, donc 1h de SMIC = 6.5 litres.
Contrairement à une croyance répandue, un salarié au SMIC peut acheter deux fois plus d’essence aujourd’hui pour 1h de travail qu’avant les deux chocs pétroliers…et 1.5 fois plus que juste après ceux-ci.
Depuis près de 30 ans, le nombre de litre varie entre 5.8 et 6.6 par heure de SMIC.
2) Automobile, mobilité, revenus :
Mathieu Chassignet a compilé et présenté de manières élégantes quelques chiffres instructifs, à partir d’enquêtes INSEE : https://twitter.com/M_Chassignet/status/1060157394846711808
 Citons quelques faits marquants :
  • l’éloignement domicile-travail augmente avec la richesse :
D’environ 8km pour des revenus annuels inférieurs à 12000€, il augmente régulièrement pour dépasser les 16km au dessus de 36000€ annuels.
  • les moins riches utilisent moins la voiture :
La part modale voiture de moins de 50% pour revenus annuels entre 0 et 12000€, de plus de 70% au delà de 36000€.
Et c’est pour les faibles revenus entre 9600€ et 12000€ pour lesquels la part modale du vélo est la plus importante !
Et c’est pour les encore plus faibles revenus, inférieurs à 9600€, que la part modale des TC est la plus importante.
  •  les moins riches sont les moins mobiles :
Sur l’ensemble des déplacements (pas seulement travail) la distance moyenne parcourue par semaine est de l’ordre de 100km sous 12000€/an, 200km au delà de 36000€.
  • le même effet se remarque quand on compte le nombre de voitures par foyer, le nombre de kilomètres total parcouru en voiture par foyer (2 fois plus élevés pour les plus aisés que pour les plus pauvres). 
Et 40% des moins aisés ne sont pas motorisés, contre seulement 10% des plus aisés.
Quand on favorise la voiture, on néglige 40% de la population qui a le plus besoin d’aide de la part de la collectivité.
A Grenoble, dans la Métropole, c’est en améliorant les transports en commun que l’on pourra réduire les inégalités devant les déplacements.
3) Mais j’ai BESOIN de ma voiture pour aller travailler !
Oui, c’est le cas, et ce sera toujours le cas, pour un petit nombre de personnes. Horaires décalés, nombreux enfants ou personnes à mobilités réduite, zones très peu denses…
Mais est-ce bien raisonnable que près des deux-tiers des déplacements quotidiens de moins de 3 kilomètres soient effectués en voiture ? La marche, la trottinette, le vélo sont parfaitement adaptés à ces distances, ne produisent pas de gaz à effet de serre, ne polluent pas…
4) Et si le problème, depuis le premier choc pétrolier, avait été de laisser les gens devenir de plus en plus dépendants à la voiture ?
Olivier Razemon dans un article récent de son blog, rappelle que la dépendance à la voiture a fortement augmenté. Les pouvoirs publics ont construit des routes, des rocades, des parkings ; ont encouragé les déplacements lointains, la vie à la campagne et le travail à la ville ; ont favorisé l’implantation en périphérie des villes des zones industrielles, de zones commerciales, peu ou mal desservie par les transports en commun, peu accessibles à pied ou à vélo. 
Ce sont les conséquences de cette logique suicidaire que notre société paie aujourd’hui.
Que faire ?
Nous soutenons la taxation carbone et le rééquilibrage entre les carburants (diesel/essence). Ce n’est qu’en touchant au portefeuille qu’on changera les comportements. Tout comme pour le prix du tabac, la désintoxication aux carburants fossiles (le moteur à bio-gaz est un moteur à explosion qui émet du CO2) passe par l’augmentation de leur prix. Ce sont les principales sources d’émission des gaz à effet de serre, mais aussi contributeurs important des pics de pollution aux particules fines responsable de la mort de 500000 morts par an en Europe, d’une centaine à Grenoble.
Une fausse taxe écolo : bien que nous soyons d’accord avec cette taxation carbone, nous n’approuvons ni le label écologique que s’auto-attribue le gouvernement, ni l’usage fait des recettes.
Car seule une partie de ces recettes (autour de 20%) concourt au financement de la transition énergétique, le solde allant au budget général pour compenser les baisses de recettes liées à la suppression de l’ISF, ou à la continuation du CICE…
Des mesures concrètes, rapides à mettre en œuvre sont nécessaires pour permettre aux citoyens toujours dependants de leur automobile de continuer à s’en servir. Mais le gouvernement doit passer la surmultipliée sur les solutions à proposer aux citoyens en utilisant les recettes ainsi dégagées : investissement dans le rail, dans les transports en commun – et non dans l’élargissement d’une autoroute -, baisse de la fiscalité sur les alternatives à l’autosolisme (TVA transport, prime à l’achat de véhicules propres, conversion des voitures classique au GPL, hybridation, covoiturage).
Des manifestations pour une vraie demande de progrès écologiques : 
=> Le 23/11, en réponse au « Black Friday », initiative commerciale poussant à la consommation avant même le mois de décembre…participez au Climate Friday, à 17h Place Félix Poulat à Grenoble.
 => Le 8 décembre, une nouvelle Marche pour le Climat sera organisée à Grenoble.